Les comportements de la population étaient très différents au XVIIIème siècle de ce qu'ils sont maintenant. C'est ce que montre une étude démographique d'une paroisse du Bressuirais sous l'ancien régime : CHANTELOUP.
Naître vivre et mourrir à Chanteloup au XVIIIème siècle est le titre de cette étude parue dans "la boulite", le mensuel de l'U.P.C.P., union poitou charentes pour la recherche, la diffusion, l'expression de la culture populaire, en 1985.
200 feux à la veille de la révolution
Les limites de la paroisse étaient les mêmes que ce qu'elles sont aujourd'hui. L'habitat était très dispersé dans la paroisse, car les populations s'établissaient près des sources, d'où la multiplication des lieux-dits. L'origine du nom de la paroisse remontait au Xème siècle, les frontières de son territoire limitent alors un terroir sauvage, rempli de bois et de landes, propices aux animaux, dont les loups, d'où le nom de cette bète redoutée des populations dans l'appellation de la commune. Il n'y avait bien entendu pas de recensement au XVIIIème siècle, les seules estimations indiquent le nombre de "feux" pour chaque paroisse. Le feu était l'unité fiscale, c'est à dire la famille vivant autour d'un même foyer. On disait alors qu'une paroisse comprenait tant de "feux". A Chanteloup le chiffre est resté relativement stable tout au long du XVIIIème, entre 170 et 180 feux, grimpant à 200 en 1790. En estimant le nombre d'habitants par feu à 4 ou 5, on parvient à un total de 750 à 1000 habitants. On arrive sensiblement au même total en prenent en compte le nombre de communiants lors des visites pastorales des évêques de La Rochelle.
On se mariait plus vieux
En ce qui concerne les mariages, le taux de la nuptialité, c'est à dire le nombre total de mariés divisé par le total de la population et multiplié par 1000, il était environ de 18 pour 1000. Ce qui signifie que l'on comptait 18 nouveaux mariés pour 1000 habitants à Chanteloup à la fin de l'ancien régime. Les mariages célébrés dans la paroisse se répartissent de façon très inégale au cours de l'année. On décèle ainsi 3 baisses très marquées : de mars à mai, en août-septembre et surtout en décembre. Ces résultats s'expliquent par l'importance de la religion et par son influence sur la vie quotidienne des paroissiens. Mars avril et décembre sont les mois du carême et de l'avent, correspondant aux temps clos durant laquelle l'église interdisait de se marier. Le mois de mai était considéré comme néfaste aux unions. quant au minimum d'août-septembre, il s'explique par la stucture de l'éconnomie rurale au XVIIIème siècle. Ces deux mois correspondent à l'époque des gros travaux : moissons, battage, labours et semailles, ne laissant aucune place aux réjouissances dans l'emploi du temps des paysans. En général, l'âge de mariage est plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui : 27 ans et 3 mois pour les garçons et 25 ans et 6 mois pour les filles (article de 1985). Comme de nos jours, les femmes s'unissaient à un âge plus précoce que les hommes. Les hommes préfèrent généralement épouser ds femmes du même âge. On peut remarquer cepandant certains mariages insolites : ainsi, le 11 juillet 1741, léonard Brandier, agé de 80 ans et déjà deux fois veuf, épousait Jeanne Cornuault, alors agée de 17 ans. Et ils eurent 2 enfant ! Les mariages entre célibataires sont en majorité : les trois-quarts des unions célébrées de 1700 à 1791. De même, les veufs et les veuves se remarient souvent avec des célibataires.
De nombreux remariages
Si le divorce n'existait pas à l'époque, les mariages étaient le plus souvent de faibles durée. C'est la mort qui rompt fréquemment les alliances.37 % des mariages ne dépassent pas 10 années d'existences et 28 % d'entre eux excèdent les trente ans. Ainsi, trois mariages seulement sur 146 ont dépassé les cinquante ans d'existence. Les remariages sont de ce fait très nombreus puisqu'ils représentent le quart des mariages célébrés au XVIIIème siècle en l'église St-Léger de Chanteloup. Les hommes se remarient plus que les femmes, ce qui parait logique puisqu'un homme veuf et seul responsable de ses enfants ne pouvait pas rester dans cet état. On ne se remariait en général qu'une seule fois, un seul homme avait pris épouse trois fois : Léonard Brandier dont le cas a déjà été exposé.