Les articles ont été extraits des livres de :
- M. Maurice POIGNAT "Histoire des communes des Deux-Sèvres, le pays du Bocage", édité en 1984
- M. Pascal PAINEAU "Une paroisse du Bocage Bressuirais au XVIIIème siècle", édité en 1986
Origine du nom de notre commune : 1ère version
"L'histoire de Chanteloup dans les périodes précédant le XVIIIème siècle nous est assez mal connue. L'origine du nom attribué à notre paroisse serait sans doute à rechercher dans l'état du paysage au moment de la formation du territoire paroissial. Les frontières limitaient alors un terroir sauvage, rempli de bois et landes propices aux animaux sauvages dont les loups, d'où peut-être le nom de cet animal dans l'appellation de notre paroisse.
Le peuplement semble très ancien : la découverte des vestiges gallo-romains près du village de Puydéry, de monnaies romaines à Etrie près duquel passait une voie dallée, font plutôt penser que c'est au sud-est de la paroisse qu'il faille chercher l'origine même de Chanteloup. La toponymie nous révèle d'ailleurs fréquemment le mot "loup" ("chemin du loup" et "fontaine du loup" à Puydéry par exemple ; "champ du loup" au Roya et dans beaucoup d'autres métairies).
Le nom actuel du lieu est celui qu'il portait au 12ème siècle : Cantelupo. Cependant l'emploi du verpe chanter en conjonction avec le loup est assez surprenant. Il se pourrait donc que le toponyme soit né de l'erreur d'un moine copiste et qu'il s'agisse en réalité de Chante Alloue. Alloue est en effet l'ancien nom de l'alouette. Du gaulois alauda (=alouette). Le nom du village aurait été ainsi donné à cause des champs de blé qui l'entouraient; on sait que l'alouette est très friande de cette céréale.
Origine du nom de notre commune : 2ème version
Les recherches faites par Monsieur Rémi ALEXANDRE nous donnent une version légèrement différente de la précédente.
"De toute évidence, le bourg n'est pas très ancien. Si l'église est citée dès 1120, la construction de la majorité des maisons ne semble pas antérieure à celle de la route Moncoutant-Bressuire, au siècle dernier. L'église située à 225 m d'altitude domine les alentours. Le bourg a les caractéristiques d'un lieu de culte antique. Ceci est confirmé par la présence de sites néolithiques à la Combe et la Guyonnière de Courlay. Des éclats de silex ont également été trouvés au Passou.
Curieusement, on retrouve la même racine dans CHANTELOUP et dans "ST LEGER" patron de la paroisse. Cette racine c'est LUG, la plus importante divinité des Celtes. LUG est l'émanation de la lumière lunaire. Il est le symbole de l'activité créatrice, de la pensée et de son expression verbale.
La christianisation de notre pays s'est effectuée dans le respect et l'assimilation des croyances antérieures. Un terrain où la population avait coutume de célébrer LUG, peut tout naturellement avoir été consacré à ST LEGER, d'autant plus qu'on ne voit pas très bien ce que l'évêque d'Autun (Saône et Loire) serait venu faire dans la région. Et le "Champ de Lug" serait devenu CHANTELOUP..."
...Une autre version nous sera peut-être proposée un jour ?...
Chanteloup pendant la révolution
L'insurection vendéenne n'épargna pas Chanteloup. La plupart des maisons du bourg ainsi que celles de quelques villages furent incendiées en 1794 par les colonnes infernales.
De nombreux hommes et jeunes gens périrent ou furent blessés au cours des combats. Leurs capitaines étaient Drillaud, Drapeau de la Gayenne. Cassin était leur lieutenant. Sous l'empire, on dénombrait dans la commune 56 veuves contre 11 veufs et quelques éclopés rescapés de la "grand'guerre".
Le 10 juillet 1793, alors que le bourg était occupé par un milier de vendéens, les troupes du général Bonnaire, soit 2000 hommes et 300 cavaliers, venant de la Chataigneraie, les attaquèrent au début de l'après-midi. Les royaliste étaient commandés par un intrépide garçon que ses soldats avaient curieusement appelé "La Rochejacquelein" parce qu'il s'était battu sous les ordres du jeune gentilhomme, et qui fut tué ce même 10 juillet.
Prévenus de l'arrivée des bleus, les vendéens s'embusquèrent non loin du bourg, sur la route Moncoutant et les accueillirent par des salves nourries. Les républicains, surpris, se débandèrent d'abord, mais leur général réussit à les regrouper et à les entrainer. Les gars du bocage ne résistèrent pas à cette vigoureuse offensive et s'enfuirent dans toutes les directions.
Détenu en 1794 à la prison de Niort, François Goulard, 20 ans, y mourut le 12 mars. Quarant-sept autres prisonniers y succombèrent ce même jour, ce qui donne une idée de l'effrayant manque d'hygiène régnant dans les cachots du chef-lieu du département où, souffrant du froid, s'entassaient des centaines de malheureux sous-alimentés guettés par les épidémies.
Suspectée d'incivisme, l'épouse d'un marchand de bois de Chanteloup, Anne Hannet, née Coudray, fut apréhendée à Argenton-le-Peuple de même que sa fille. D'autres chanteloupais furent arrètés, notamment Louis Garraud, Louis Charbonnier, Madeleine Nivet, femme Charbonnier, François Charbonnier, Jacques, Jean et Joseph Bourreau, Jacques Bironneau, Pierre Vincent, Joseph Billaud, Louis et René Tapon, Jacques Morteau, Louis Morin, Louis Gastard, Jean Nivaud, André Brossard, Marie Sallard, Joseph Gatard, Hyacinthe Morin, Marie Baudin, veuve Fallourd, Catherine Benesteau née Girault et Antoine Billaud, vingt-huit auxquels la Commission Militaire de Noirmaoutier infligeau une lourde peine de prison.
Anecdotes
- En l'an 1402, lors des assises de la châtellenie de Bressuire, un laboureur de Chanteloup, Jean Poigneau, pour avoir volé deux chatris (moutons châtrés bons pour la boucherie) fut condamné "à se rendre à pied, à Notre-Dame du Puy en Auvergne, tout en jeûnant deux jours par semaine" et devra, précisait la sentence, "en rapporter le sceau de la cour d'église, constatant qu'il a bien accompli sa pénitence".
- Ancien curé de du Puy-de-la-Garde, en Anjou, l'abbé Barbotin, premier aumônier de l'armée catholique et royale, fut nommé curé de Chanteloup en 1806. Sa rondeur, sa truculente jovialité le rendirent bien vite populaire et ses paroissiens le regrettèrent lorsqu'en 1817, il fut nommé à Allonne.
- Afin d'obtenir la guérison de la dysenterie, on venait prier, en l'église de Chanteloup devant la statue de Saint Roch et pour les maladies des yeux, devant celle de Saint Fort.
- Pour les maux de gorges et plus particulièrement pour le croup qui faisait jadis de nombreuses victimes, on venait, et parfois de loin, implorer Saint André et Sainte Marguerite dont les informes statues vermoulues sont conservées dans une niche, à l'extérieur de la chapelle de la Fenestre, ce vieux manoir qu'en 1794, les Bleus des "Colonnes infernales" ne parvinrent pas à incendier tout à fait.
- Au cours de la guerre de cent ans, des soldats anglais pillèrent l'église et dérobèrent des vases sacrés. L'un d'eux fut échangé contre quelques volailles à un pauvre paysan de la paroisse, qui, après l'avoir caché, chercha à le revendre, ce qui lui valut de comparaître, en 1936, devant les assises de la châtellenie de Bressuire.