Résistance nord Deux-Sèvres en 1944 :
Août 1944 - Après le débarquement des alliés en Normandie en juin, les troupes allemandes sont en échec un peu partout.
Un épisode peu connu, s'est déroulé en ce mois d'août sur la voie ferrée, à proximité de la ferme La Roche-Guitton, occupée par la famille Brémaud.
Les troupes allemandes, basées dans le sud de la France, voulaient regagner la Normandie. Les résistants organisés et les maquisards tentèrent de s'y opposer, c'est ainsi que la voie ferrée de Bressuire à la Chapemle St Laurent a été sabotée 7 fois, quelquefois dynamitée ou simplement les rails déboulonnés.
Le mardi 22 août 1944 vers 15 heures, un train du génie allemend qui transportait de la troupe, mais surtout du matértiel pour lutter contre le débarquement, tanks, bateaux, barges, etc, venait de Bressuire, et se dirigeait vers Parthenay. Le train, lourdement chargé, avançait doucement, bien qu'ayant une loco à l'avant et une à l'arrière. Arrivé à la hauteur du P.N.77 à coté du hameau des Roches-Guitton, il y a eu une forte explosion qui a bloqué le train. La première loco est restée sur les rails et a pu poursuivre sa route pour aller chercher du secours, mais quelques cent mètres plus loin, une autre explosion a eu lieu,au petit pont de la guionnière. La première loco est également bloquée. A la première explosion, plusieurs wagons avec leur chargement ont déraillé, un wagon est tombé dans le ravin à coté, un autre, chargé de barges, a heurté et endommagé la maisonnette qui était occupée par Mme Barbarit, garde-barrière, et sa fille.
M. Charles brémaud, cultivateur, au moment du déraillement, était à son travail de l'autre coté de la voie de chemin de fer, coté chanteloup. Pour revenir chez lui, il lui fallait traverser la voie gardée par de nombreux soldats allemands armés. Il lui a fallu parlementer avec le chef de train et l'officer allemand pour renter chez lui. Entretemps, Mme Barbarit lui demanda de venir coucher chez elle, car elle avait très peur.
L'officier allemand permit à M. Brémaud de traverser la voie, afin de rentrer chez lui par la route. M. Brémaud dit à l'officer qu'il allait revenir chercher Mme Barbarit pour qu'elle passe la nuit aux Roches-Guitton avec sa fille. Ainsi, M. Brémaud revient à la ferme et dit à son épouse de préparer la maison pour accueillir Mme Barbarit et sa fille.
M. Brémaud revient donc vers le P.N. chercher ses deux voisines, mais au lieu de passer par la route comme la nuit commençait à tomber, il revient par son champ, car c'était plus court. Arrivé au milieu du champ, coup de feu. Il entend la balle siffler tout près de lui et le réarmement du fusil. M. Brémaud, sans paniquer, continua son chemin. Heureusement une autre sentinelle a crié de ne pas tirer.
Ce changement d'itinéraire a failli lui coûter la vie. Finalement, Mme Barbarit a préféré rester chez elle, et M. Brémaud a pu rentrer chez lui avec une peur bleue.
Le convoi est resté immobilisé pendant 48 heures. M. Brémaud est intervenu auprès du maquis qui voulait attaquer les allemands.... Cela aurait fait sans doute un carnage inutile.
Le même jour, une quinzaine de soldats en armes sont venus fouiller la ferme des Brémaud. Fouille de la maison, des armoires, de la ferme avec les mitraillettes dans le dos, mais ils n'ont heureusement rien trouvé. Le 23, ces mêmes soldats sont revenus, mais décontractés, pour acheter quelques produits de la ferme pour manger. Le déraillement a provoqué la mort d'un soldat allemand et un blessé.
Les cheminots de Bressuireont été réquisitionnés pour réparer la voie sous le contrôle des officiers allemands. Une fois la voie réparée, le train a pu repartir vers Parthenay à la grande satisfaction et soulagement de tous les participants de cet épisode. Le train fut anéanti par l'aviation à Parthenay.
Le soir du départ du train , le 23 août, à la demande du chef du dépot de Bressuire, ami de des Brémaud, un repas a été préparé à la ferme ( genre repas de battage), avec toute l'équipe d'une quinzaine de cheminots, et partagé dans la joie d'être sortis indemnes d'un tel drame.
Tous ces détails ont été recueillis auprès de la famille Brémaud.
Témoignages de Mme Talbot, née Brémaud en 1924.
Témoignages et mémoires de Mme Clochard née Brémaud, née en 1930.
Ecrits de Ms Robert Brémaud né en 1932 et de son frère Gérard né en 1929, aujourd'hui décédés; ces écrits ont été réalisés en 1994, 50 ans après l'évènement ( cela ne s'oublie pas )
Ont participé aux sabotages :
- Gustave Giraud du Verdon
- Joseph Laveix de Bressuire
- Michel Rulier de Bresuire ( explosifs )
- Le groupe FTP de Bressuire avec Maurice Crozet.
Cheminots qui ont réparé la voie :
- Joseph Epron
- Alberteau
- Didier Moinard
- Marius Guillet
Bien d'autres personnes ont participé sans laisser de traces et ont été oubliées.
Octobre 2016 : Michel Hay