Les articles ont été extraits des livres de :
- M. Maurice POIGNAT "Histoire des communes des Deux-Sèvres, le pays du Bocage", édité en 1984
- M. Pascal PAINEAU "Une paroisse du Bocage Bressuirais au XVIIIème siècle", édité en 1986
ETRIE
La seigneurie d'Etrie fut durant le Moyen Age, la propriété de la famille Béry. A la fin du XVème siècle, les Gentet leur succédèrent. Son dernier représentant, Jacques René, dut s'enfuir en Irlande vers 1720 pour échapper à la justice royale. Deux ans plus tard, à son retour, il fut assassiné par le domestique de son neveu Jacques Henri d'Arcemalle, près du village du Corbin. Ce dernier ne put profiter de son forfait puisque, par décret de l'hôtel des requêtes à Paris, Etrie fut confisqué et adjugé en 1747 à François-Xavier Brochard d'Auzay pour la somme de 35 500 livres. Le château, complètement ruiné, fut alors reconstruit par son fils François-Xavier-Joseph. Une description de 1790 le dépeint comme un bâtiment rectangulaire entouré par les anciennes douves, flanqué de deux tours aux extrémités. En octobre 1793, alors que le propriétaire et sa famille étaient emprisonnés, le château d'Etrie fut incendié par les soldats du général républicain Desmarres. Sa reconstruction dans le style classique fut entreprise du début du XIXème siècle et se termina en 1812.
Il s'agit d'un bâtiment simple, à un étage et un grenier, précédé d'un haut perron ; la façade est ornée d'un fronton triangulaire où sont sculptées les armoiries de la famille de la Rochebrochard. Au cours du XIXème siècle, on accola sur l'aile gauche du château une tour rectangulaire et, en compensation, on planta de l'autre côté du bâtiment des cèdres aujourd'hui disparus. A quelques mètres de là, se dresse une chapelle néogothique construite en 1852. P.P.
LA FENETRE
De ce qui fut le manoir de la Fenestre, seuls subsitent un bâtiment sans intérêt et les vestiges d'une chapelle dont l'une des portes est presque intacte.
Le château, pendant plus de trois siècles, fut celui d'une famille noble du Bressuirais, les Bodet de la Fenestre. Son premier propriétaire semble avoir été vers 1480, Maurice Bodet également seigneur des Loges. René Bodet, son petit-fis, prit en 1592, le titre de "noble et puissant seigneur de la Fenestre, des châteaux et forteresse de Tennessue et de Hérisson". François Bodet, qui avait combattu pour le roi aux cotés du comte de Parabère, gouverneur du Poitou, obtint, en 1624, le droit de doter son château d'un pont-levis.
Après avoir servi pendant quelques années au régiment de Chartres-infanterie, Léonor Bodet de la Fenestre, assista en 1789, à Poitiers, à l'assemblée de la noblesse du Poitou. Il émigra en 1791 er servit comme officier dans l'armée des princes, frères du roi. Pierre-Constant, son fils, aide de camp de Louis de la Rochejacquelein eut la cuisse brisée au combat de la ferme des Mathes, dans le Marais vendéen, le 4 juin 1815.
A l'extérieur de cette chapelle, cachées derrière un volet subsistent encore les statues vermoulues de St André et Ste Marguerite que les gens venaient implorer pour les maux de gorge et plus particulièrement le croup qui faisait jadis de nombreuses victimes.
Blason "d'azur à une épée d'argent posée en pal, et à la fasce de gueule brochant sur le tout".
LAVAUD-RICHER
L'un des premiers propriétaires connus de LAVAUD-RICHER est Pierre Chauvereau, seigneur de Pamplie. Ses descendants gardèrent le château jusqu'à la fin du XIVème siècle. Plus tard, un seigneur protestant, René Bodin de la Rollandière, en prend possession ; puis, vers le milieu du siècle suivant, la seigneurie est achetée par un auditeur à la Chambre des Comptes de Bretagne fraîchement anobli, Jacques Jaudonnet de Laugrenière. C'est lui qui fit construire la chapelle aujourd'hui disparue. Son fils Jacques et son petit-fils Jacques Antoine lui succédèrent dans la gestion de cette seigneurie durant le XVIIIème siècle. Le gendre de ce dernier, Luc Jérôme Gibot, était en émigration lorsque son logis de Lavaud-Richer fut pillé par ceux-là même qui incendièrent le château voisin d'Etrie. Après sa confiscation par la nation et son rachat en 1799 par Elisabeth, sa fille, un moment inquiétée pour ses sympathies avec les chouans, Lavaud-Richer fut revendu au comte de Monti. En 1869, le logis échut aux Moncoutantais Jean Louis Guérin et Jacques Point. Ce dernier le légua à son fils Auguste puis à M. Cadier.
C'est en franchissant un portail surmonté des armoiries de la famille Jaudonnet que l'on pénètre dans la cour du château. La façade a été malheureusement très remaniée mais on peut encore observer, à gauche du bâtiment, une grosse tour construite au XVème siècle. Le logis a gardé de la même époque de vastes fenêtres qui ont perdu leurs croisées. Vers la fin du XVIIème siècle, la porte principale, encadrée de moulures, fut surmontée d'un oeil-de-boeuf en demi-lune qui coupa la pointe de l'accolade du linteau. Au dessus furent sculptées les armes de la famille Jaudonnet. P.P.
LA TOUCHOTIERE
A la Touchotière, les Béry, d'une famille de Gâtine aujourd'hui éteinte, possédaient leur hôtel. Les Béry étaient également seigneurs de l'Ouche, de la Baudonnière, de la Proustière, etc...
Blason "D'azur au chevron d'or, accompagné de trois croissants montants d'argent"
LA TIMARIERE
La Timarière relevait de la seigneurie des Forges, à Bressuire. On sait qu'elle fut acquise en 1479 par Jean Gendrot (thouarsais commis des Aides du Poitou, anobli en 1479 en fit l'acquisition pour 100 écus d'or) mais on la trouve citée dans les textes dès 1420 et 1439 sous le nom de La Timarère.
Le bâtiment présente un intéressant jeu de volumes. Il consiste en un corps de logis central encadré par deux corps asymétriques. La façade principale est irrégulièrement percée de fenêtres dont certaines ont conservé leur appui de pierre. Elle s'ouvre sur une cour intérieure qui comporte un puits.
L'EGLISE
Source: Diocèse Poitiers
L'EGLISE : un nom évocateur
Le nom de Chanteloup n'est pas un toponyme de formation très ancienne. Il traduit la présence du loup dans les campagnes médiévales.
Une dizaine de communes en France le porte et, dans le diocèse de Poitiers, on peut relever 17 villages ou fermes de ce même nom.
Un petit bas-relief de loup, à gauche des baies du côté sud du clocher, rappelle le temps où l'on entendait "chanter le loup".
L'EGLISE : le patronage de Saint Léger
Archidiacre de son oncle l'évêque de Poitiers, puis abbé de Saint-Maixent, Léger devint évêque d'Autun vers 663. Défenseur des libertés de la Bourgogne contre les empiétements de la Neustrie, il dut se livrer pour que sa cité fût épargnée, fut torturé puis décapité vers 677-680. On le vénéra de suite comme saint et martyr. Vers 681 son corps fut ramené en Poitou pour être enterré à Saint-Maixent. Lors des invasions normandes du 9ème siècle, il fut transporté à Ebreuil (Allier), où il est encore. Une dizaine d'églises du diocèse ont été ou sont encore placées sous son vocable.
L'église Saint-Léger de Chanteloup fut donnée par l'évêque Guillaume à l'abbaye de la Trinité de Mauléon entre 1117 et 1140. Cette cession fut contestée et le procès fut porté devant le pape. C'est finalement de l'évêque de Poitiers que l'église relèvera. Elle fera partie du doyenné de Bressuire lorsque celui-ci sera créé à la fin du 12ème siècle.
L'EGLISE : une nef très courte
Quand on découvre l'église de l'extérieur, on est frappé de voir que la travée touchant le clocher est beaucoup plus basse que le reste de l'édifice.
En fait, le robuste clocher carré, qui sert d'entrée, et la travée suivante sont les seuls restes de la reconstruction de l'église à la fin du Moyen Âge.
On pénètre dans l'église par la porte qui s'ouvre au côté sud du clocher.
On trouve devant soi les fonts baptismaux et un tableau représentant le Baptême de Jésus.
Le vitrail de la baie occidentale est consacré à la lutte de l'archange Michel contre le dragon (Apocalypse 12, 7-9). Il est du 20ème siècle tout comme celui qui clôt la seule baie de la travée suivante, du côté sud : "Souvenir de la mission du jubilé de 1926", avec la phrase du Christ, "Laissez venir à moi les petits enfants" (Marc 10, 14).
L'EGLISE : le choeur très ample
La nef succède un chœur à trois vaisseaux de trois travées couvertes de voûtes néogothiques. Haut et abondamment éclairé, il se termine par un mur droit.
Le contraste avec la nef est saisissant comme il l'est à Courlay et à Notre-Dame de Bressuire.
Cette reconstruction, sur un plan nouveau, remonte au 19ème siècle. Les voûtes des deux dernières travées sont datées du dernier tiers du siècle par les armoiries de leurs clés, qui sont celles du pape Léon XIII (1878-1903) et de Mgr Juteau (1889-1893), évêque de Poitiers.
L'autel du collatéral de gauche est consacré à Marie : "Je suis l'Immaculée Conception", dogme proclamé par Pie IX en 1854. Sur le devant de l'autel est figurée l'Assomption, entre deux saintes.
Le maître-autel est surmonté par une statue du Sacré Cœur, les bras étendus.
Sur le devant de l'autel, l'Apparition du Christ à sainte Marguerite-Marie Alacoque rappelle la demande qu'il fit à la visitandine de Paray-le-Monial de promouvoir la dévotion à son cœur sacré (1673-1675).
A gauche, on a saint François-Xavier, à droite, sainte Elisabeth de Hongrie. De chaque côté du tabernacle, figurent Pierre et Jean, d'un côté, Paul et le pape Léon le Grand, de l'autre.
L'EGLISE : les autels
L'autel du collatéral de droite est consacré à saint Joseph. Sur le devant, on peut voir la Mort de Joseph, assisté par Jésus et Marie - selon la tradition, Joseph serait mort avant la Passion - ce qui lui valut d'être invoqué, à partir du 17ème siècle, comme patron de la bonne mort. En 2002, on a placé un nouvel autel à l'intersection de la première et de la deuxième travée à l'est. Il est sobrement orné d'un chrisme, les lettres X (khi) et P (rhô), les deux premières du mot Christ en grec.
L'EGLISE : les vitraux
Ils sont dus à l'atelier de J. Fournier, à Tours, et datent de 1889 et 1894. Au mur nord, les trois baies sont consacrées à des saintes. D'ouest en est, on rencontre : Marguerite-Marie Alacoque, qui sera canonisée en 1920, Germaine Cousin, dite Germaine de Pibrac, canonisée en 1867, et Radegonde, reine et moniale très vénérée à Poitiers où elle fonda le monastère Sainte-Croix au 6ème siècle.
Les trois vitraux du mur oriental figurent : à gauche, l'Annonciation, au centre, saint Hilaire, saint Léger, la Charité de saint Martin, trois évêques surmontés par la Remise des clés à saint Pierre, à droite, saint Joseph, "patron de l'Eglise", et le pape Pie IX dans la barque de Pierre.
L'invitation Ite ad Joseph (Allez à Joseph) rappelle que Joseph a été déclaré par Pie IX en 1870 patron de l'Eglise universelle. Les trois vitraux du mur sud sont consacrés, de gauche à droite, à saint Louis, saint Benoît Labre, canonisé en 1881, et Louis-Marie Grignion de Montfort, à l'origine de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, qui sera canonisé en 1947.
Au mur sud-ouest du chœur, un dernier vitrail illustre une dévotion répandue dans la région, celle de saint Isidore, le laboureur.
Les statues des murs est et ouest du chœur viennent compléter l'iconographie des vitraux et le tableau des grandes dévotions de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle. Le long du mur oriental, on verra, à gauche, les statues de différents saints : François d'Assise, Anne et Marie enfant, puis, au centre, celles de Léger et de Roch, à droite, celles d'Antoine de Padoue et Jean-Marie Vianney, curé d'Ars. Au mur ouest du chœur, on a placé, au nord, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, à droite, sainte Bernadette. Avec son programme d'ensemble à l'évidence bien étudié, le chœur de l'église de Chanteloup offre une remarquable image de ce qu'a pu être la vie d'une paroisse à la fin du 19ème siècle. Une maison de Dieu qui continue d'accueillir, comme elle le faisait déjà dans le temps où, le soir, chantait le loup.
L'EGLISE : séparation des églises et de l'Etat en 1906
Février 1906 : L’application de la loi de Séparation donne lieu à de violents incidents à Paris et dans plusieurs départements au moment où l’administration procède aux inventaires des biens culturels et demande l’ouverture des tabernacles. La loi de Séparation est condamnée, le 11 février 1906, par le pape Pie X dans la lettre encyclique Vehementer nos qui critique les articles 4, relatif aux associations cultuelles, et 8, attribuant au Conseil d'État la connaissance de contestations relatives aux biens réclamés par plusieurs associations ; le pape encourage les catholiques français à s’opposer aux inventaires ; puis le 10 août 1906, par l'encyclique Gravissimo offici, il interdit la formation des associations cultuelles prévues par la loi pour administrer les biens mobiliers et immobiliers nécessaires à l'exercice du culte.
Les catholiques s'opposent aux inventaires des biens prévus par l'article 3 de la loi, refusent de constituer les associations cultuelles destinées selon la loi à subvenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice public d’un culte. Les prêtres refusent de remplir les formalités auxquelles la loi les soumet. La force publique intervient afin de protéger les fonctionnaires chargés d'ouvrir les tabernacles.
Anecdotes
En l'an 1402, lors des assises de la châtellenie de Bressuire, un laboureur de Chanteloup, Jean Poigneau, pour avoir volé deux chatris (moutons châtrés bons pour la boucherie) fut condamné "à se rendre à pied, à Notre-Dame du Puy en Auvergne, tout en jeûnant deux jours par semaine" et devra, précisait la sentence, "en rapporter le sceau de la cour d'église, constatant qu'il a bien accompli sa pénitence".
Ancien curé de du Puy-de-la-Garde, en Anjou, l'abbé Barbotin, premier aumônier de l'armée catholique et royale, fut nommé curé de Chanteloup en 1806. Sa rondeur, sa truculente jovialité le rendirent bien vite populaire et ses paroissiens le regrettèrent lorsqu'en 1817, il fut nommé à Allonne.
Afin d'obtenir la guérison de la dysenterie, on venait prier, en l'église de Chanteloup devant la statue de Saint Roch et pour les maladies des yeux, devant celle de Saint Fort.
Pour les maux de gorges et plus particulièrement pour le croup qui faisait jadis de nombreuses victimes, on venait, et parfois de loin, implorer Saint André et Sainte Marguerite dont les informes statues vermoulues sont conservées dans une niche, à l'extérieur de la chapelle de la Fenestre, ce vieux manoir qu'en 1794, les Bleus des "Colonnes infernales" ne parvinrent pas à incendier tout à fait.